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Cancer colorectal et nutrition

 

Le cancer colorectal représente la 3e cause de cancer dans le monde chez les hommes après le cancer du poumon et le cancer de la prostate. Il représente chez la femme la deuxième cause de cancer après le cancer du sein. C’est un cancer typiquement rencontré dans les pays occidentaux notamment en Amérique du Nord, Australie, Nouvelle Zélande, Europe.

 

 

Comment apparaît le cancer colorectal ?

L’étiologie et l’apparition du cancer colorectal sont encore en étude et ne font à l’heure actuelle pas l’objet d’un consensus. En effet, son étiologie serait multifactorielle et liée à des mutations génétiques, l’alimentation, des processus inflammatoires.

Plus de 95% des cancer colorectaux sont sporadiques apparaissant chez les individus non génétiquement prédisposés à la maladie.

Près de 3% des cas sont dus au syndrome de Lynch et 1% est du à d’autres troubles héréditaires tels que la polypose adénomateuse familiale et autre.

Néanmoins, les études actuelles s’accordent à dire qu’il serait le fruit d’un déséquilibre entre des anomalies génétiques et des agressions externes ou environnementales. Plus particulièrement, il résulterait de la perturbation du microbiote intestinal.

 

Cancer colorectal et microbiote intestinal

Notre tube digestif abrite pas moins de 1012 à 1014 micro-organismes, soit 2 à 10 fois plus que le nombre de cellules qui constituent notre corps.

Cet ensemble de bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes constitue notre microbiote intestinal (ou flore intestinale).
Son rôle est de mieux en mieux connu et les chercheurs tentent aujourd’hui de comprendre les liens entre les déséquilibres du microbiote et certaines pathologies, en particulier les maladies auto-immunes et inflammatoires.  https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/microbiote-intestinal-flore-intestinale 

Le rôle du microbiote intestinal dans l’apparition du cancer colorectal est souligné par l’incidence du cancer plus importante dans la partie distale du colon, là où séjourne aussi le plus de micro organismes. Ainsi, la modification et le déséquilibre du microbiote entraineraît une inflammation ainsi qu’une prolifération néoplasique (formation du cancer).

 

Environnement et mode de vie

Les études épidémiologiques soutiennent le rôle important de l’environnement et du mode de vie dans son apparition. L’étude de la population japonaise, par exemple, révèle une incidence du cancer colorectal bien moins importante que les pays occidentaux. Néanmoins, lorsque ceux-ci migrent aux Etats-Unis, on observe une croissance de leur taux de cancer colorectal atteignant ou dépassant le seuil de ceux des Américains.

Le mode de vie,  notamment  l’alimentation,  semble donc être un facteur potentiel dans son apparition.

Quels aliments faut-il éviter ?

Parmi les aliments à craindre pour votre colon, la viande rouge, la viande industrielle ou transformée (charcuterie).

La dégradation des protéines que contiennent les viandes dégagent des métabolites azotés et du soufre tels que l’ammoniaque, les nitrates, les nitrites ou encore le sulfure d’hydrogène qui peuvent être toxiques et carcinogènes. Ces résultats demeurent néanmoins encore discutés et davantage d’études sont nécessaires.

Votre colon est davantage preneur et consommateur de fibres (fruits, légumes, graines oléagineuses) ou de glucides complexes (pommes de terre, riz, blé, maïs, légumineuses).

Les fibres et carbohydrates sont faiblement assimilés par votre intestin grêle et se retrouvent donc dans votre colon où ils seront utilisés pour entretenir la santé de votre muqueuse intestinale.

En effet, la fermentation des fibres dans le colon permet la libération d’acides gras à chaîne courte. Ces acides gras à chaîne courte sont principalement des molécules connues sous le nom de butyrate, propionate, acétate et représentent des sources d’énergie pour les colonocytes (cellules du colon). En plus d’être des sources d’énergie pour les cellules, ces molécules présentent des propriétés anti inflammatoires et antinéoplasiques.

Le butyrate n’interviendrait pas uniquement sur la prévention du cancer mais aussi sur son évolution et sa sévérité.

Une étude a révélé que chez des sujets à un stade avancé de cancer, ceux-ci disposaient, au sein de leur flore intestinale, de moins de bactéries produisant du butyrate et moins d’acides gras à chaine courte que les sujets sains.

 

Mais attention à ne pas abuser des fibres non plus !

Des études réalisées sur les animaux ont révélé qu’une consommation excessive de fibres peut à l’inverse provoquer une surfermentation et donc des irritations, des dommages au sein de la muqueuse et des cellules pouvant se manifester par des diarrhées. Ce procédé est similaire chez l’homme et se retrouve souvent chez les sujets atteints du syndrome du grêle court. Dans ce syndrome, un excès de carbohydrates est déversé dans le colon entraînant la sur fermentation.

Il est donc important de manger équilibré. Un régime privilégiant essentiellement des protéines où essentiellement des fibres mène à une perturbation de la structure et du fonctionnement de votre microbiote intestinal.

 

Les polyphénols

En dehors du butyrate, les autres vertus apportées par les fruits et les légumes sont les polyphénols, particulièrement ceux venant des raisins, du thé, du café et du cacao. Les polyphénols présentent également des propriétés anti inflammatoires, inhibitrices de tumeur et anti prolifératives.

 

Les graisses

L’hypothèse des graisses comme coupables du cancer colorectal est encore à l’étude et de nouvelles expérimentations sont nécessaires pour affirmer leur nocivité. Néanmoins, certaines études s’accordent à dire que la consommation de graisses notamment les graisses saturées (beurre, crème fraiche, viandes transformées, huile de palme) pourrait accroître le risque de cancer colorectal par l’inflammation qu’elles provoquerait au niveau de l’intestin.

Un autre effet indirect des graisses proviendrait de la synthèse d’acides biliaires produits par le foie, nécessaire pour leur assimilation. Les acides biliaires une fois arrivés dans le colon, sont convertis en acides biliaires secondaires et peuvent être carcinogènes. Encore une fois, ces résultats restent à confirmer.

Les graisses insaturées en revanche notamment les oméga 3 (poissons gras, huile de foie de morue, fruits à coque, huile de colza) ont déjà fait leurs preuves quant à leurs vertus anti inflammatoires et anti prolifératives.

Ainsi, les autochtones d’Alaska dont le régime est riche en huile de poisson devraient être protégés du cancer colorectal. C’est pourtant eux qui ont le taux de cancer colo rectal le plus important !

Mais alors comment est-ce possible ? La raison de cette contradiction demeure inconnue mais s’explique peut être par leur très maigre apport en fibres et en polyphénols. Aussi, l’association d’oméga 3 et de fibres dans certaines études s’est déjà révélée efficace contre le cancer.

 

L’obésité 

L’obésité et le surpoids pourraient également accroitre votre risque de développer un cancer colorectal. Possiblement par l ‘état chronique inflammatoire infligé, la dérégulation hormonale qui en résulte dont l’hyper insulinémie,  l’insulinorésistance, l’élévation du taux de leptines et d’oestrogènes qui contribuent à une hyperprolifération de votre muqueuse intestinale.

Aussi, des études stipulent que l’obésité occasionnée par une forte consommation de graisses est plus nocive et plus risquée qu’une obésité occasionnée par la consommation de glucides.

Une étude a comparé des Sud Africains et Afro Américains :  l’obésité des Sud Africains était associée à un apport riche en carbohydrates et faible en graisses qui allait de pair avec une faible proportion d’acides biliaires dans le colon et un faible taux de cancer colorectal.

 

Vitamine D

Son action protectrice du cancer colorectal est encore à l’étude. Cependant une revue d’articles publiée en 2016 met en avant le possible rôle anti inflammatoire de la vitamine D dans les cancers colorectaux liés à l’inflammation. En effet, la vitamine D a déjà fait ses preuves contre la maladie inflammatoire de l’intestin, notamment chez les souris.

Elle interviendrait en plus sur le microbiote intestinal en modifiant la population bactérienne dans le colon et contribuerait à une flore plus variée et maintiendrait l’homéostasie (équilibre de la flore).

 

L’alcool 

Les études épidémiologiques affirment qu’une consommation d’alcool trop importante (>50 g/jour) accroît les risques d’apparition de cancer colorectal et les risques de mortalité associés.

Cette observation est d’autant plus marquée chez les sujets avec des antécédents familiaux de cancer colorectal, chez les hommes et chez les personnes en surpoids. De plus, l’influence de l’alcool sur le cancer colorectal serait aussi impactée par les capacités individuelles à métaboliser et assimiler l’alcool.

En effet, une étude réalisée en Asie a démontré que les sujets avec un certain polymorphisme génétique avaient davantage de risque de développer un cancer colorectal à cause de l’alcool que d’autres sujets avec un patrimoine génétique différent.

Enfin, la consommation d’alcool entraînerait un risque plus important de développer un cancer au niveau du rectum que dans la partie distale ou proximale du colon. La responsabilité de l’alcool dans l’apparition de ce cancer repose en partie sur le métabolisme de l’éthanol qui contribue à la formation de radicaux libres et de stress oxydatif conduisant à la formation du cancer et à une baisse de l’immunité.

 

Le curcumin

Très utilisé en médecine traditionnelle chinoise, le curcumin est réputé pour ses vertus protectrices contre différentes lignées de cancers. Il serait aussi bénéfique d’en consommer pour prévenir l’apparition du cancer colorectal mais aussi pour son traitement ! Deux études récentes réalisées sur des cellules ont démontré que le curcumin améliorait l’efficacité d’un traitement par radiothérapie et chimiothérapie.

 

 

Pour conclure, les nombreuses études publiées actuellement permettent de souligner le rôle d’un régime déséquilibré sur la forte incidence du cancer colorectal dans les pays occidentaux.

Elles soulignent en particulier le manque de fruits, de légumes et de céréales complètes absorbées.

Concernant l’adoption d’un régime alimentaire idéal, il est essentiel que celui ci soit équilibré. Mangez donc équilibré ! De plus, un apport de fibres supérieur à 50 grammes par jour est recommandé pour l’entretien et la santé de votre colon !

 

 

Références :

  • O’keefe, S. J. (2016). Diet, microorganisms and their metabolites, and colon cancer. Nature Reviews Gastroenterology and Hepatology, 13(12), 691.
  • Irrazábal, T., Belcheva, A., Girardin, S. E., Martin, A., & Philpott, D. J. (2014). The multifaceted role of the intestinal microbiota in colon cancer. Molecular cell, 54(2), 309-320.
  • Meeker, S., Seamons, A., Maggio-Price, L., & Paik, J. (2016). Protective links between vitamin D, inflammatory bowel disease and colon cancer. World journal of gastroenterology, 22(3), 933.
  • Birt, D. F., & Phillips, G. J. (2014). Diet, genes, and microbes: complexities of colon cancer prevention. Toxicologic pathology, 42(1), 182-188.
  • Rossi, M., Jahanzaib Anwar, M., Usman, A., Keshavarzian, A., & Bishehsari, F. (2018). Colorectal Cancer and Alcohol Consumption—Populations to Molecules. Cancers, 10(2), 38.
  • YANG, G., QIU, J., WANG, D., TAO, Y., SONG, Y., WANG, H., … & HOFFMAN, R. M. (2018). Traditional Chinese Medicine Curcumin Sensitizes Human Colon Cancer to Radiation by Altering the Expression of DNA Repair-related Genes. Anticancer research, 38(1), 131-136.
  • Zhang, C., Xu, Y., Wang, H., Li, G., Yan, H., Fei, Z., & Li, W. (2018). Curcumin reverses irinotecan resistance in colon cancer cell by regulation of epithelial-mesenchymal transition. Anti-cancer drugs.

 

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Olivier DIRHEIMER

Olivier DIRHEIMER

Commentaires ( 2 )

  • Avatar
    Bizeul

    Bonjour
    J ai fait une occlusion sur brides suite à une opération du rectum qui a généré des adhérences celles ci ont serré mon intestin grele et ont provoqué l occlusion.
    Mon chirurgien affirme que l occlusion peut revenir dans 8 jours 6 mois 10 ans ou jamais !!
    Donc ayant très peur je pense peut etre qu un ostheopathe était à même de m aider ?
    Est ce efficace ?
    Merci votre réponse
    Cordialement

    • Avatar
      Romain LESPINASSE

      Bonjour,
      L’ostéopathie a de bons résultats sur les tensions viscérales pour diminuer les risques de l’occlusion (mais ne va pas faire disparaitre une occlusion lorsqu’elle est déjà présente).

      Les séances permettront de prévenir et de limiter les tensions digestives qui pourraient favoriser l’occlusion.

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